Groupe SAP

janvier 17, 2010

Programme : Méthodes, approches et thèmes des recherches actuelles sur les arts visuels au Moyen-Orient et au Maghreb, WOCMES 2010

Filed under: Colloques — groupesap @ 9:47

*1. Regards historiques*

Organisatrice : Silvia Naef, Université de Genève

Présidente : Kirsten Scheid, AUB/Wissenschaftskolleg, Berlin

Discutant : Hamdi Ounaina, Université Paris 3

1. Martina Becker, PhD Candidate, University of Geneva: Utopias Beyond Theory. On the Conception of ‘Art’ in the Early Turkish Republic

2. Nadia Radwan, doctorante Université de Genève : Peintres et sculpteurs de l’Egypte moderne : Méthodes de recherche et sources

3. Cécile Boëx, Doctorante en science politique comparative, IFPO (Damas)/IREMAM (Aix en Provence) : Réflexions sur l’analyse du matériau filmique à partir du cinéma syrien

4. Fanny Gillet-Ouhenia, Doctorante en Anthropologie sociale (1ère année), Centre d’Histoire Sociale de l’Islam Méditerranéen (CHSIM), EHESS : Pratique artistique et régime de l’image dans l’Algérie post-coloniale (1962-1978)


*2. Perspectives contemporaines*

Organisatrice : Annabelle O. Boissier, ISBAT & IRIS-EHESS, Tunis/Paris

Président : Hamdi Ounaina, Université Paris 3

Discutante : Kirsten Scheid, AUB/Wissenschaftskolleg, Berlin

1. Yves Gonzalez-Quijano, Maître de conférences, Gremmo/Université Lumière Lyon2 : Le marché de l’art en Syrie : des politiques nationales à la mondialisation

2. Nabila Mokrani, Doctorante, Sociologie, CADIS-EHESS : Les femmes artistes plasticiennes de pays d’Islam en contexte postcolonial français : Entre CONSTRUCTION NORMATIVE et ouvertures artistiques GENREES

3. Bombardier Alice, doctorante, EHESS et Université de Genève : L’artiste-peintre figure de proue de la société iranienne contemporaine

4. Emilie Goudal, Doctorante en histoire de l’art, Université Paris Ouest Nanterre, IRMC Tunis (USR 3077 du CNRS), La notion d’hybridité dans l’art contemporain algérien : expression des paradoxes de la mondialisation de l’art

mars 1, 2009

Appel à communication : WOCMES 2010

Filed under: appels — groupesap @ 4:28

Double panel organisé par Silvia Naef (Université de Genève) et le SAP dans le cadre du 10ème WOCMES (World Congress for Middle Estearn Studies), Barcelone, 19-24 juillet 2010

Méthodes, approches et thèmes des recherches actuelles sur les arts visuels au Moyen-Orient et au Maghreb

Dans le champ qui nous occupe, le cadre de travail offert aux chercheurs reste souvent très peu performant, comme le montrent les choix qui s’ouvrent aux doctorants. Seuls quelques rares enseignements tiennent compte d’un phénomène qui caractérise pourtant les sociétés musulmanes depuis la fin du 19ème siècle, que ce soit en Europe ou en Amérique du Nord, tout autant que dans les pays concernés qui, encore aujourd’hui n’offrent à leurs jeunes candidats artistes et historiens de l’art qu’un apprentissage tourné vers l’histoire de l’art des pays occidentaux.
Ce nouveau domaine mis en lumière suite aux transformations majeures intervenues dans le monde de l’art contemporain international et sur les scènes locales depuis les années quatre-vingt-dix se situe au carrefour de plusieurs disciplines en sciences sociales et humaines : histoire et sociologie de l’art pour l’apport en outillage théorique, mais aussi anthropologie et spécialités des diverses aires culturelles.
Depuis le premier WOCMES, qui proposait un panel sur ces objets, des avancées ont eu lieu. Il est temps d’en faire le bilan et tenter une structuration de la recherche par une recension des outils à disposition, la diversité et la potentialité de ces recherches étant maintenant établie. Une dynamique collective de recherche est indispensable à toute entreprise en sciences sociales et humaines afin que ces objets nourrissent à leur tour les autres champs d’étude et acquièrent une légitimité. Mais il ne s’agit pas du seul objectif : en effet, si la production théorique influence grandement les pratiques plastiques elles-mêmes, son absence n’est pas moins déterminante. Elle ne permet notamment pas aux artistes et autres acteurs de la scène artistique de ces pays de prendre part à un débat intellectuel fécond participant des dynamiques générales de leur société. Ces acteurs demeurent mal intégrés, peu soutenus par leurs Etats (localement ou par la coopération), contrastant avec la forte sollicitation dont ils ont fait l’objet lors de la construction des Etats nationaux.
Il sera donc demandé aux participants d’être particulièrement prolixes concernant leurs méthodologies d’enquête et d’analyse afin d’en dégager les grandes tendances. Les axes thématiques proposés sont : la problématisation de la construction historique des pratiques artistiques, les conséquences actuelles de la participation des artistes d’autres acteurs de la scène artistique à la construction des identités nationales, l’utilisation des relations transnationales dans la construction des scènes artistiques locales, les rapports de forces existant à l’intérieur même de ces scènes.

Les propositions, en français ou anglais, sont attendues pour le 1er octobre 2009, elles comprendront un résumé de 500 mots maximum et une courte biographie. Elles devront être envoyées à l’adresse électronique suivante : groupesap@gmail.com.

Visualizing the Orient – Methods, Approaches and Themes of Current Research on the Visual Arts in the Middle East and the Maghreb

In the mentioned field, the working frame offered to research is often not very performing, as the choices available to Ph.D. candidates show. Teaching programs only rarely take into account a phenomenon that shapes Muslim societies since the 19th century, in Europe as well as in North America. The situation is not better in the concerned countries, which offer to young art and art history students a training oriented almost exclusively toward Western art history.
Major changes in the international as well as in the regional art scenes have shed light onto this new research field, situated at the crossing of several disciplines in the humanities and social sciences: history and sociology of art for the theoretical framework, as well as anthropology and cultural history.
Since WOCMES 1, when a panel had tried to give an overview over the field, some major developments have taken place. A general assessment over the available tools will therefore be useful, the diversity and the potential of ongoing research having now been established. A general dynamics of research is necessary to any initiative in social sciences and the humanities, in order for these researches to have an impact on other fields and in order to acquire legitimacy. This is not the only aim: if theoretical framework has an influence on visual practices, its absence is also crucial, since it does not allow artists and actors of the art scene in the concerned countries to share in the intellectual debate participating in the general dynamics of their societies. These actors are only rarely funded by public money (local instances or international cooperation), in opposition to what happened when the nation-states were created.
Participants will be asked to give an account of their methods of research and analysis, in order to highlight general trends. The suggested thematic axes are: the historical construction of art practices, the consequences of the participation of artists and other actors in the building of national identities, the use of transnational relations in the establishment of local art scenes, the power struggle within these scenes.

Please submit an abstract, either in French or in English, of no more than 500 words, along with brief biographical information before October 1st, 2009, to the following email address: groupesap@gmail.com.

février 16, 2009

Réinventer les musées en Afrique

Filed under: Colloques — groupesap @ 10:32

En raison des difficultés rencontrées pour la mise en place du partenariat institutionnel du colloque Réinventer les musées en Afrique, celui-ci a été reporté à une date ultérieure.

octobre 6, 2007

Réinventer les musées en Afrique

Filed under: Colloques — groupesap @ 10:08

REINVENTER LES MUSEES EN AFRIQUE
Colloque international, Archives Nationales, Tunis, Avril 2009

Sur une initiative du
Groupe de Réflexion : Socio-anthropologie des Arts Plastiques dans les contextes périphériques (SAP)

En partenariat avec
L’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS – UMR 8156 CNRS/Inserm/EHESS/Université Paris 13)
&
Les Archives Nationales de Tunisie

Avec le soutien de
L’Institut Français de Coopération

Argumentaire

La nouvelle géopolitique culturelle et une récente cartographie artistique mondiale ont favorisé des  »Zones de Contact » entre différentes communautés à travers le monde. Cette tectonique des plaques remet en question les frontières de l’état nation, engendre la polycentralité du paysage artistique, la dé-contextualisation des objets et leur intégration dans les circuits scénographiques des grandes expositions métropolitaines (De Magiciens de la Terre à Africa Remix). Cette décentralisation culturelle a encouragé les nouvelles stratégies discursives des musées. Les collections se traduisent par la construction de significations spécifiques et par une définition de la sphère culturelle. Ces espaces de sens, où se négocient différentes écritures de l’histoire, sont cependant ambiguës.

Les critiques formulées récemment sur la pertinence des musées ethnographiques (collection, scénographie, pratiques discursives, etc.) témoignent de la difficulté de l’institution muséale à illustrer une mémoire métissée et convertir les rapports entre les différents groupes de la nation. En Afrique, le problème est plus complexe, car comment le musée peut écrire l’histoire sans les supports qui permettent de la tracer? Ce besoin a fait des musées un lieu d’ambivalence et de conflit, de résistances et de revendications postcoloniales qui sont de plusieurs ordres. Les demandes de restitution des objets (issus de pillage, butin de guerre ou legs) sont formulées par les états, les associations ou par des personnes morales. Les arguments avancés par les grands musées du monde (British Museum, Louvre, Metropolitan Museum of Art de New York, Prado de Madrid, Hermitage de St Petersburg, Rijksmuseum de Amsterdam) s’appuient largement sur le concept d’universalité et le principe d’humanisme qui fonde certes l’institution muséale. Mais ils se traduisent aussi dans plusieurs termes: droit de partage du savoir et de la connaissance, expositions itinérantes, échanges et prêts, mais surtout incapacité des musées africains à répondre aux critères de sauvegarde des collections.

Outre les conventions votées par les organismes internationaux pour mettre fin aux insuffisances et à l’hémorragie dont souffrent les musées africains, plusieurs professionnels pallient à ce désengagement des états en matière de conservation des patrimoines nationaux par le biais de divers organismes et programmes de soutien (Prema, Africa 2009, WAMP, Unesco, Epa, Iccrom, Icom, etc). Dans ces sphères, les enjeux relatifs aux techniques de conservation et de restitution, les carences, les tendances et modèles d’exposition dans les musées en Afrique restent éminemment politiques. Ils interpellent le sujet et le statut de l’objet dans un contexte postcolonial.

Quels sont les défis que la patrimonialisation des objets d’arts archéologique, historique, mais aussi d’art contemporain en Afrique doit affronter ?

Ce nouveau colloque organisé par le SAP propose de prolonger à Tunis les débats soulevés par le numéro 70 de la Revue Africultures, Réinventer les musées (Mai/Juin/Juillet 2007). Certains participants de ce numéro sont invité à présenter leur institution ou leur perception des musées africains et à dialoguer avec les chercheurs, les membres de la communauté muséale et artistique français et tunisiens. Selon l’un des objectifs majeurs du SAP seront évoqués, comme points de comparaison et d’inspiration, d’autres contextes culturels – Asie, Amérique Latine. Le colloque proposera ainsi un examen des modèles et paramètres du musée d’art et d’histoire en Afrique.

Si les états possèdent des collections d’une grande diversité, présenter dans une même institution archéologie, arts et traditions et pratiques contemporaines ne permet sans doute pas la mise en place de questionnements adaptés à chacun de ces objets. Le contexte tunisien aujourd’hui à un tournant de son histoire muséale (restructuration des musées et rénovation de grande envergure, mais aussi création d’un nouveau centre culturel : la cité de la culture) constituera un cadre pertinent à ce débat. Les Archives Nationales de Tunisie abritent les documents relatifs à l’histoire de ces institutions, ainsi que d’autres devenus de véritables objets d’art comme les contrats de mariages beylicaux. Cette institution est donc un lieu privilégié pour présenter l’histoire des musées sous la forme d’une exposition : La législation muséale en Tunisie, documents d’archives ; les débats pourront de plus grâce à sa médiation échapper au strict cadre de l’institution muséale pour en réinventer les normes.

Contextes artistiques périphériques : Les apports d’une approche comparative.

Filed under: Colloques — groupesap @ 8:57

Les apports d’une approche comparative.

Contextes artistiques périphériques : Les apports d’une approche comparative.
Colloque Bilatéral de Chercheurs et de Doctorants
Faculté des Sciences Humaines et Sociales
Les 7, 8 et 9 décembre 2006

Sur une initiative du
Groupe de Réflexion : Socio-anthropologie des Arts Plastiques dans les contextes périphériques (SAP)

En partenariat avec
Laboratoire Genèse et Transformation des Mondes Sociaux
&
Laboratoire DIRASET – Etudes Maghrébines

Avec le soutien de
Institut Français de Coopération – Arab Tunisian Bank – Ecume – CERES

Argumentaire

Le colloque se proposera, à partir d’un contexte précis, la situation tunisienne et plus largement celle du monde arabo-musulman, de poser la problématique de l’importation des théories dans des contextes n’étant pas eux-mêmes vierges de toute théorisation.

Si le paradigme de l’image demeure le principal outil mobilisé par les chercheurs étudiant l’art dans le monde arabe, il est aujourd’hui questionné. Quels sont les éléments objectifs de cette réévaluation ? L’ambiguïté de ce paradigme réside, pour partie, dans l’uniformité de ses modes d’application à l’ensemble des pays arabomusulmans. Ne pouvons-nous pas déterminer des conditions sociales spécifiques de son existence d’un point de vue territorial aussi bien que temporel ? Parallèlement, l’utilisation d’outils théoriques et méthodologiques conçus au sein du contexte occidental, tel la sociologie de l’art, pour l’analyse des pratiques artistiques d’autres aires culturelles pose question. Sont-ils directement utilisables dans un autre contexte culturel ou, inversement, peuvent-ils faire apparaître des problématiques que les outils théoriques habituellement associés à l’aire culturelle avaient exclus ? Ainsi, il s’agit de confronter deux types d’outils analytiques, l’un interne l’autre externe à la culture en question et d’imaginer, le cas échéant, la possibilité de les associer dans un même mouvement de théorisation.

Ce colloque cherchera ainsi à concrétiser un mouvement largement engagé dans la recherche actuelle, s’écartant des déterminations identitaires, notamment dans le contexte africain, ayant mené à une fixation des enjeux de telles pratiques. Dans ce cadre quelles peuvent être l’efficacité et les limites des catégories descriptives Occident et non Occident ou Occident/Orient, renvoyant à une pensée culturaliste privilégiant l’opposition moderne/traditionnel ? Comment sont-elles convoquées dans le discours sur les arts plastiques ? Peut-on leur substituer d’autres catégories telle que l’articulation local/international, dont les limites doivent là encore être questionner ?

Dans ce cadre, l’apport de situations extérieures au monde arabe sera nécessaire, ces questionnements n’étant, en effet, pas spécifiques à ce contexte. De même, la comparaison avec des pratiques artistiques telles que le théâtre ou le cinéma dont les développements tunisiens, aussi bien en pratique que par les recherches qu’ils ont suscitées, sont considérablement supérieurs aux développements des arts plastiques. Comment des chercheurs en sciences sociales travaillant sur des aires géographiques offrant un panel important de situations culturelles, institutionnelles, structurelles… peuvent-ils dialoguer et développer des outils méthodologiques en commun ? Tel est l’un des principaux enjeux théoriques de ce colloque.

PROGRAMME

Jeudi 7 décembre 2006

Matinée 9h-12h30 FSHST, salle Garmadi
9h Ouverture
Modérateur : Abdelhamid HENIA Historien (DIRASET, FSHST)
9h 30 Tahar CHIKHAOUI, Théoricien du cinéma (Tunis): Titre non communiqué.
Ahmed KHOUAJA, Sociologue (DIRASET, FSHST) : Ville, cinéma et imaginaire : un art qui se fait ou une société qui se défait ?
11h Pause café
11h 15 Bernard MULLER, Anthropologue indépendant (rattaché GTMS-EHESS) : L’ethnologue face aux artistes africains contemporains– genèse et effets d’une incompréhension.
12h30 Pause déjeuner

Après-midi 14h-17h15, FSHST, salle Garmadi

Atelier I : Culture nationale et histoire coloniale
Modérateurs : B. MULLER & T. CHIKHAOUI
14H Malik NDIAYE, Historien de l’art (Université Rennes II) : Enjeux critiques de la méthode : problèmes de contextualisation dans la théorie post-coloniale.
Aïda OUARHANI, Sociologue (CIM / Médiation Culturelle Paris 3) : Le cinéma tunisien des années quatre-vingt-dix et deux mille.
15h10 Pause café
Atelier II : Catégorisation de l’art en pays d’Islam
Modérateurs : K. BENDANA & A. BENSA
15h20 Najoua SAIDI, Patrimoine (FSHST) : Le voile de l a femme tunisienne à travers les âges dans une perspective patrimoniale et ethnologique.
Monia ABDALLAH, Historienne de l’art (CEHTA- EHESS) : Analyse d’une caractérisation artistique. Les discours sur « l’Art contemporain et l’Islam »
Jellal BESSAAD, Patrimoine (Institut National du patrimoine) : Le traitement du corps dans le cinéma tunisien narratif.

Conférence 18h30 au Club Tahar Haddad
Silvia NAEF, Historienne (Université de Genève) : Evolution récente de la recherche sur l’art du monde arabe

Vendredi 8 décembre

Matinée 9h30-12h30, FSHST, salle Garmadi
Modérateur : Alban BENSA, Anthropologue (GTMS-EHESS)
9h30 Kmar BENDANA, Historienne (ISHMN-Université de la Manouba, Tunis) : L’art et les revues
Jocelyne DAHKLIA, Historienne (CRH-EHESS) : Dynamiques de créations artistiques contemporaines en pays d’islam
11h Pause café
11h 15 Ridha BOUKRAA, Sociologue (FSHST) : Arabesque, arabisance et polygone étoilé : l’art musulman entre l’extériorité de l’artiste ou du chercheur et l’intériorité du croyant
12h30 Pause déjeuner

Après-midi 14h-17h15, FSHST, salle Garmadi
Atelier III : Identité et circuits de reconnaissance
Modérateurs : S. WRIGHT & A. KHOUAJA
14h Mohamed BEN SOLTANE, (Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis) : Les ressorts de la reconnaissance des artistes maghrébins en Europe : cas de Ahmed Hajeri et de Rachid Koraïchi.
Annabelle O. BOISSIER, Anthropologue (GTMS- EHESS) : La question identitaire est-elle pertinente en art contemporain ?
15h10 Pause café
Atelier IV : Politiques artistiques sous la colonisation
Modérateurs : J. DAKHLIA & R. BOUKRA
15h20 Fatma SOLTANI (FSHST) : L’image de la femme artiste dans la presse tunisienne entre les deux guerres : Habiba Msika, Fadhila Khetmi et Chefia Rochdi.
Morgan CORRIOU : Historienne (IRMC, Tunis) : Radio et cinéma dans la Tunisie du protectorat.
Hamdi OUNAINA : Sociologue (CIM / Médiation Culturelle Paris 3) : « Le Salon Tunisien » : un schéma institutionnel colonial

Conférence 18h30 à l’École du Cirque
Mohamed DRISS, Directeur du Théâtre National Populaire Introduit par Thierry Vielle, Directeur de l’IFC, Conseiller de coopération et d’action culturelle

Samedi 9 décembre

Matinée 9h30-13h, FSHST, salle Garmadi
Modérateur : Jocelyne DAKHLIA, Historienne (CRH-EHESS)
9h30 Abderrahmen AYOUB, Historien du patrimoine (Institut National du Patrimoine, Tunis) : Propos sur l’art populaire
Ali LOUATI, Critique d’art (Tunis) : L’image en Islam. Nécessité d’une lecture historique
Stephen WRIGHT, Philosophe et critique indépendant (Paris) : L’histoire doit-elle être fictionnée pour être pensée ? Au-delà du paradigme de l’image
11h Pause café
11h 15 Rapporteurs :
Silvia NAEF, Historienne (Université de Genève)
Abdelkader ZGHAL, Sociologue (CERES, Tunis)

Premières Journées Doctorantes du SAP

Filed under: Colloques, Edition en ligne — groupesap @ 7:39

 Premières Journées Doctorantes du SAP

Premières Journées Doctorantes du SAP :
Les enjeux des notions de Centre(s) et de Périphérie(s)
en socio-anthropologie des arts plastiques.

Les 15 & 16 septembre 2005, Maison des Sciences de l’Homme, Paris.

Présentation des Journées

Nombre de recherches en sociologie ou anthropologie de l’art se développent aujourd’hui en réponse au mouvement « d’ouverture » de la scène internationale de l’art contemporain en direction des « arts venus d’ailleurs ». Pour partie, ces recherches se donnent comme objectif de souligner l’hétérogénéité des catégories de reconnaissance des artistes en fonction de leur contexte d’origine. Ainsi, un artiste contemporain brésilien et son homologue allemand ne peuvent développer les mêmes stratégies de carrière. Au sein d’un même pays, il en va également de même pour les perspectives de carrière des artistes selon qu’ils travaillent en province ou dans la capitale.
La structuration de la scène artistique à l’intérieur de laquelle opèrent les artistes joue également un rôle majeur dans ces formes de reconnaissance. Selon les cas, cette scène peut faire preuve d’un dynamisme local, national ou régional propre, diminuant la valeur de la reconnaissance internationale ; elle peut aussi fonctionner en circuit fermé avec un réseau de reconnaissance spécifique au sein duquel l’aspect « international » n’a pas de valeur en soi ; elle est encore susceptible, à l’inverse, de tenir « l’internationalisation » pour l’une des valeurs importantes du système de reconnaissance locale.
L’exploration des marges ou frontières de ces différentes catégories de reconnaissance apparaît donc comme nécessaire. Les différences de valeur accordée à la reconnaissance internationale selon les scènes nationales ou locales tendent à laisser penser que le centre, point de référence pour définir la périphérie, ne recouvre pas toujours la même réalité et que les artistes ne sont pas toujours contraints de viser l’international pour briguer le statut d’artiste « contemporain ».
Les recherches sur l’art contemporain ne sont pas les seules à questionner les rapports entre centre(s) et périphérie(s). Il en va de même pour celles qui portent notamment sur l’art « moderne », « populaire », « artisanal » ou « provincial » dans différents contextes nationaux ou locaux. Intégrer l’ensemble de ces recherches dans la réflexion et abandonner la référence aux arts non occidentaux au profit d’un débat sur les notions de centre et périphérie devrait permettre de sortir des perspectives culturalistes et tiers-mondistes, tout en se donnant les moyens d’un comparatisme qu’on espère fécond.
Ce séminaire de travail sur deux jours, qui se proposait de dégager une large diversité de perspectives pouvant donner lieu à l’analyse de la corrélation centre(s)/périphérie(s) en socio-anthropologie des arts plastiques, s’est tenu à la Maison de Sciences de l’Homme les 15 et 16 septembre 2005, avec le soutien logistique et financier de l’UMR Genèse et Transformation des Mondes Sociaux (GTMS-EHESS) et logistique du Centre de Recherche sur les Arts et le Langage (CRAL-EHESS). Outre les intervenants dont les textes sont disponibles ci-dessous, étaient présents en tant que modérateurs ou discutants : Thierry Bonnot (GTMS-EHESS), Brigitte Derlon (Laboratoire d’Anthropologie Sociale CNRS – EHESS), Silvia Naef (Université de Genève), Emmanuelle Olivier (GTMS-EHESS), Bruno Péquignot (CIM / Médiation Culturelle Paris 3), Laurent Tessier (Institut Supérieur de Pédagogie) et Annie Verger.

Thèmes et interventions

Art et Territoires

Laura Delavaud, Centre de Sociologie Européenne, EHESS, Paris : Tentative de création d’un nouveau « centre » : la lutte politique et artistique d’imposition d’une nouvelle référence.

Communication Laura Delavaud

Cristina Castellano, Université Panthéon/Sorbonne, Paris : Les arts plastiques états-uniens à l’épreuve de leur frontière sud.

Communication Cristina Castellano

Eux versus Nous

Lucrezia Cippitelli, Université « La Sapienza », Rome : « Nous » et « eux » dans l’art contemporain. L’exemple de l’« arte de conducta » à Cuba.

Christophe Rulhes, Centre d’Anthropologie des Mondes Contemporains, EHESS, Toulouse : « Nous » la périphérie, « Eux » le centre… et inversement. Pour une approche interactionnelle et située des terrains de l’art.

Communication Christophe Rulhes

Frontières et identités

Paolo Israel, Centre d’Etude Africaine, EHESS, Paris : Du contemporain sans le savoir? De l’ironie et du recyclage dans l’art performatif Makondé

Communication publiée : « Irony, Ambiguity and the Art of Recycling. Reflections on Africa Remix and the Contemporaneity of Rural African Art », Third Text, Vol. 20, Issue 5, September, 2006, 585–598

Stéphanie Michaud, Université Paris VII, Paris : Arts plastiques kurdes et images symptômes de Diyarbakýr à Paris.

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Sophie Moiroux, Laboratoire d’Anthropologie Sociale, EHESS, Paris : L’objet frontière : considérations sur l’œuvre de Jimmie Durham.

Communication Sophie Moiroux

Professionnalisation et enjeu de classification

Hamdi Ounaina, Université de Tunis : La « professionnalisation » des peintres tunisois comme enjeu d’exclusion.

Communication publiée : Les peintres professionnels de Tunisie. Un processus de construction d’un pouvoir, in Alfa Maghreb et sciences sociales, IRMC, Tunis, 2006, pp. 213-223

Moufida Oughabi, Laboratoire Georges Friedman – CNRS, Université Panthéon Sorbonne, Paris : L’usage de l’opposition entre le centre et la périphérie parisienne du marché de l’art dans la construction des représentations des artistes peintres professionnels : intérêts et enjeux.

Communication Moufida Oughabi

Internationalisation des circuits périphériques

Monia Abdallah, Centre d’Histoire et de Théorie des Arts (CEHTA-EHESS), Paris : L’« art contemporain islamique » et l’internationalisation des circuits artistiques. De la formalisation d’un discours à la formation d’une catégorie.

Communication Monia Abdallah

Ana Leticia Fialho, CRAL-EHESS, Paris : Internationalisation de l’art contemporain brésilien.

Résumés des interventions : Premières Journées Doctorantes du SAP

Filed under: Colloques — groupesap @ 7:29

Résumés des interventions des Premières Journées Doctorantes du SAP : Les enjeux des notions de Centre(s) et de Périphérie(s) en socio-anthropologie des arts plastiques.

Monia Abdallah

Doctorante au sein du Centre d’Histoire et de Théorie des Arts (CEHTA) Formation doctorale « Histoire et Civilisations », EHESS Paris.

L’« art contemporain islamique » et l’internationalisation des circuits artistiques. De la formalisation d’un discours à la formation d’une catégorie

Qu’est-ce que l’« art contemporain islamique » ?
Dans le cadre de cette présentation, il ne s’agira pas de répondre à cette question car l’interrogation qui semble aujourd’hui plus fondamentale est celle qui renvoie à la genèse même de cette catégorisation spécifique dans un contexte où prolifèrent les discours sur le métissage et la mondialisation. En effet, cette classification en une sorte d’« isolat culturel », semble contradictoire dans ce contexte de société globale de communication où les notions de centre et de périphérie deviendraient ainsi obsolètes.
Les questions qui se posent alors sont les suivantes : est-ce que la production artistique pointée par cette classification culturelle, ‘art contemporain islamique’, présente réellement un caractère spécifique ? Les œuvres qu’elle englobe peuvent elles soutenir une telle dénomination distincte du reste de la production artistique ? Ou devons-nous chercher sa justification au sein même du discours théorique et idéologique sur la mondialisation?
Un discours dans lequel persiste la distinction entre centre (s) et périphérie (s) dans la mesure où le vocabulaire employé se trouve fondé sur les dichotomies nord/sud ; centre/périphérie ; occident/non-occident ; pays développés/pays du tiers-monde ; et donc « art contemporain »/« art contemporain islamique ».
Dans cette mondialisation, toute opposition ne fait donc qu’accroître et amplifier la rupture implicite que crée et accepte l’utilisation même de cette distinction entre « centre » et « périphérie ».

Cristina Castellano

Doctorante en Esthétique et Sciences de l’Art à l’Université de Paris I Panthéon/Sorbonne sous la direction de Bernard Darras

Les arts plastiques américains à l’épreuve de leur frontière sud

Les réseaux de pouvoir économique contemporains se focalisent dans certains centres financiers, marginalisant ainsi les économies périphériques. Dans le domaine de la représentation visuelle, les pôles de la création se déplacent. Le centre et la périphérie se diluent de plus en plus.
La déconcentration de la pratique plastique constate que les noyaux culturels ne restent plus focalisés aux capitales culturelles du « centre ». Même si aujourd’hui quelques galeries de New York gardent le monopole du marché de l’art, la situation peut concerner les collectionneurs et ses vendeurs, les magazines de vulgarisation artistique et quelques personnages hypnotisés par la définition de l’art comme celui qui se vend au meilleur prix. Cependant, notre définition de l’art discerne ici de l’intérêt du marché. On est intéressés par la recherche des phénomènes artistiques qui garderont une place dans l’histoire du changement de notre façon de voir et concevoir le monde, les cultures et les autres. Les événements ou productions artistiques destinés à êtres accumulés dans les cages privées des quelques élites de la mondialisation ne sont pas prise en compte dans notre étude.
Malgré les efforts des artistes pour traduire le monde, tel qu’il est aujourd’hui, notre époque reste aveugle face aux changements de comportement visuel qui s’exprimeront à l’avenir. Notre hypothèse est que si l’art a toujours anticipé les critères de valorisation de son époque, l’art américain possède dans la création des « artistes ethniques », un miroir témoignant des sociétés hybrides contemporaines.

Lucrezia Cippitelli

Doctorante en histoire de l’art contemporain, Département de Histoire de l’Art, Faculté de Sciences Humaines, Université « La Sapienza », Rome.

« Nous » et « eux » dans l’art contemporain. L’exemple de l’ « arte de conducta » à Cuba

La lecture se propose de réfléchir sur la question de l’entrée des expériences artistiques de pays dits “non occidentaux” (qui notamment peuvent être reconnu comme l’ensemble des réalités post-coloniales) dans le contexte du système de l’art contemporain.
La question est le thème central de ma recherche de doctorat en art contemporain, qui pose comme but de réfléchir sur le rapport que le monde occidental entretient avec les artistes et les pratiques artistiques contemporaines extérieurs et sur la possibilité que cet ailleurs puisse être reconnu et compris pour sa valeur réelle propre.
Ce difficile rapport, qui s’est exemplifié ces dernières années avec la participation massive d’artistes provenant du tiers- monde dans les kermesses artistiques internationales, s’est parallèlement montré central dans le même tiers-monde, vu la continuelle création d’industries culturelles dédiées exclusivement aux pratiques artistiques locales avec une perspective d’affirmation politique dans le contexte global. L’exemple de l’art de comportement, dit aussi performance à Cuba, est un exemple de cette controverse.
Des artistes comme Ana Mendieta et Tania Bruguera sont reconnues internationalement comme performers, artistes politiques, artistes qui jouent, avec le langage de la performance, sur le thème de l’identité féminine, en utilisant l’espace réel.
À bien voir, ces pratiques, politiques sans doute, sont liées a une histoire locale, aux rites qui mixent religion chrétienne et de provenance africaine, et déterminent une signification complètement différente de celle que la tradition occidentale actionniste performative reconnaît.

Laura Delavaud

Doctorante au Centre de Sociologie Européenne, EHESS – doctorante associée au Centre nantais de sociologie, sous la direction de Gérard Mauger.
Tentative de création d’un nouveau « centre » : la lutte politique et artistique d’imposition d’une nouvelle référence

En partant du constat que la diffusion de l’art contemporain à Nantes relève principalement des collectivités territoriales et de l’Etat, ma thèse («l’art contemporain à Nantes, les enjeux politiques et artistiques de l’art contemporain dans une métropole de province) s’intéresse aux rapports pouvant exister entre le champ politique et le champ artistique.
La sphère politique a été marquée ces dernières années par un processus de décentralisation, ce transfert de compétences de l’Etat aux collectivités territoriales permet aujourd’hui de penser la Ville, la Région comme des entités de plus en plus autonomes et par là même en concurrence entre elles pour s’imposer, non seulement en France mais également à l’échelle européenne voire mondiale. Cette logique d’internationalisation se retrouve dans le champ de l’art contemporain comme le montre Alain Quemin, qui précise que la définition même de l’art contemporain « sous-entend généralement l’insertion dans des réseaux internationaux, la reconnaissance à l’échelle internationale » (Alain Quemin, L’art contemporain international : entre les institutions et le marché (le rapport disparu), Jacqueline Chambon/Artprice, Nîmes, 2002, p.18.) et ce, d’autant plus en France, par sa position dominée dans le monde de l’art contemporain.
Dans cette course commune à la reconnaissance internationale, on assiste à une entraide bien comprise entre ces deux espaces qui tentent de gommer leur caractère périphérique pour s’inscrire plus pleinement comme des espaces qui comptent. La ville ainsi que ses principaux acteurs de l’art contemporain oeuvrent ensemble pour s’imposer comme une référence, un nouveau centre incontournable.

Ana Letícia Fialho

Doctorante au CRAL-EHESS, sous la direction de Jacques Leenhardt

L’internationalisation de l’art contemporain au Brésil : quelques éléments pour une analyse sociologique

C’est dans une perspective empirique, en rapport avec la tradition de la recherche en sociologie de l’art, que nous nous sommes intéressées, depuis quelques années, à étudier l’internationalisation de l’art contemporain Brésilien.
Les années 1990 sont marquées par une ouverture croissante et une diversification du monde de l’art contemporain international, dont les frontières géopolitiques et esthétiques sont mises en question. Ce mouvement d’ouverture – qui n’engage pas forcément un changement de l’hiérarchie des valeurs artistiques ni des instances de légitimation, a affecté désormais la circulation internationale des artistes Brésiliens et le fonctionnement du monde de l’art au Brésil.
Prenant comme arrière-plan le processus de mondialisation en cours et ses conséquences au plan réel et imaginaire, nous allons essayer de voir, dans ce travail, à quel point et sous quelles conditions, il y a une plus grande ouverture, de la part du monde international de l’art contemporain, à la production artistique brésilienne. Nous allons également regarder comment le monde de l’art contemporain au Brésil est en train de s’internationaliser.
Notre point de départ sera la discussion des outils théoriques pour le traitement du sujet. Ensuite nous allons présenter une brève analyse de la trajectoire de six artistes contemporains, appartenant à différentes générations, et les enjeux de leur insertion dans le circuit international (institutionnel et marchand). Pour finir, nous allons nous intéresser à la configuration actuelle du monde de l’art au Brésil, en soulignant les stratégies d’internationalisation mises en œuvre par certaines instances institutionnelles et marchandes.
Notre objectif est la compréhension du processus d’internationalisation du monde de l’art Brésilien, paradoxalement très tourné vers l’internationalisation et encore très nationaliste et l’articulation de celui-ci avec le monde de l’art contemporain international.

Paolo Israel

Doctorant au Centre d’Etude Africaine, EHESS, sous la direction de Jean-Loup Amselle

Du contemporain sans le savoir? De l’ironie et du recyclage dans l’art performatif Makondé

Je travaille depuis plusieurs années sur des danses masquées rurales du peuple Makonde du Nord du Mozambique. Lors d’une visite à l’exposition d’art contemporain africain « Africa Remix », j’ai été frappé par la ressemblance entre certaines œuvres exposées et le travail des artistes ruraux qui fait l’objet de mes recherches. Bricolage, recyclage des déchets de la civilité occidentale, performance, mélanges de genres et de matériaux : les mêmes procédés sont mobilisés, obéissant à la même approche de l’expression artistique, ironique et critique. Les «masques bidons» de l’artiste béninois Romuald Hazoumé parlent la même langue et répondent en partie aux mêmes interrogations que certaines des masques Makonde réputés traditionnels qui sont produits pour un public rural.
Cette ressemblance apparente sera prise comme point de départ pour mener une interrogation sur le statut de l’ironie et du recyclage dans les arts performatifs « traditionnels ». Autrefois source d’inspiration pour les artistes contemporains européens, ces arts participent-ils de la contemporanéité au même titre que les arts produits au centre du marché de l’art? Dans quelle contemporanéité vivent ces artistes travaillant « aux périphéries des périphéries » (c’est-à-dire dans des zones rurales des pays périphériques). Est-ce bien « de l’art » qu’ils font?
Pour mener à bien cette analyse, on mobilisera différents outils d’analyse, notamment la théorie des systèmes mondiaux, les études subalternes (subaltern studies), et les réflexions bachtiniennes sur l’ironie et la culture populaire.

Stéphanie Michaud

Doctorante en anthropologie psychanalytique et psychopathologie, UFR de sciences humaines cliniques, Paris VII, Denis Diderot, sous la direction de Michel Boccara (CR CNRS)

Arts plastiques kurdes et images symptômes de Diyarbakýr à Paris

Les créations artistiques des Kurdes de Turquie, à partir des observations menées au centre culturel mésopotamien d’Istanbul, ne relèvent pas des mêmes objectifs, ni des mêmes conditions de production que celles des artistes kurdes, exilés en France. Bien que ceux-ci partagent généralement une histoire commune, imprégnée de crises politiques similaires dans un temps donné et que tous furent tentés par le militantisme comme forme de revendication et d’appartenance à un groupe. Certains envisageront l’art comme création, comme mouvement, technique et esthétique, d’autres, en feront un instrument au service d’une cause (politique, sociale, personnelle). Nos observations portent donc sur les effets de deux types de migrations : interne et externe, de l’Est de la Turquie, région rurale, aux métropoles de l’Ouest du pays ; puis, de la Turquie vers l’Europe et plus particulièrement, sur la ville de Paris. Comment passe-t-on de l’art comme patrimoine culturel et sauvegarde d’une identité kurde, à l’art instrumentalisé, sorte de marchandise, d’objet de subsistance ? Ces interrogations sont valables aussi bien en Turquie qu’en France et ne se posent pas en termes de pur et d’impur ou d’authenticité. Nous nous situons dans un système transnational qui a pour intérêt de dévoiler des relations multipartites entre acteurs sociaux. Sans négliger le fait que toutes les sociétés s’individualisent, nous devons repenser la création non plus seulement du point de vue collectif mais aussi, bien évidemment, au niveau individuel. Phénomène étudié selon ses modalités cliniques, les oeuvres proposées par l’artiste découlent subséquemment de la nécessité de témoigner, de dire et d’un besoin de faire, de défaire, de refaire dans un but « réparateur » (fabrique de sens).

Sophie Moiroux

Doctorante au Laboratoire d’Anthropologie Sociale (EHESS) sous la direction de Carlo Severi

L’objet frontière : considérations sur l’œuvre de Jimmie Durham

Suivant une anthropologie de l’art qui les étudie en tant qu’indexes d’intentionnalités ou personnes, il est intéressant de considérer les objets comme lieux de condensation d’identités. On peut alors les comprendre en tant qu’intersubjectivités réciproquement attribuées dans des contextes, usages et fonctionnements, au sein de réseaux de relations sociales dans lesquelles ils apparaissent comme des moyens de communication, en particulier dans des situations de conflits, où est perceptible la confrontation de différents points de vues.
Dans cette optique, nous considérons l’œuvre de l’artiste d’origine cherokee Jimmie Durham, qui a été également activiste politique. Ces objets d’art contemporain produisent des interactions et inférences, en particulier des jeux de miroir entre le spectateur et l’artiste, l’« Occidental colonisateur » et l’« Indien natif », ainsi qu’une réflexion du point de vue occidental sur celui des indigènes, qui les met en positions de confrontations et déplacements. Cette œuvre peut en effet être perçue comme étant sujette à des déplacements de contextes : dans celui de l’histoire de l’art des Indiens en Amérique – histoire « occidentale » et « indigène », histoire tant de l’« art » que des relations entre agents sociaux complexes, de différentes cultures en conflits ; ainsi que comme objet pour une multiplicité de points de vue accumulés.
La complexité de cette œuvre, condensation de perspectives opposées, permettrait, par le développement d’outils d’approches, de considérer la « frontière » entre le « centre » et la « périphérie », tout en les étudiant l’un et l’autre ainsi que leur confrontation nécessaire.

Moufida Oughabi

Doctorante au Laboratoire Georges Friedman – CNRS, Université Panthéon Sorbonne

L’usage de l’opposition entre le centre et la périphérie parisienne du marché de l’art dans la construction des représentations des artistes peintres professionnels : intérêts et enjeux

Dans le cadre d’une enquête en cours auprès d’artistes peintres professionnels en Ile de France, nous avons cherché à dégager les représentations de ce métier. Par le biais des pages jaunes, nous avons surtout rencontré une population artistique assez homogène : des peintres professionnels implantés en banlieue, entre 50 ans et 60 ans, peu ou pas reconnus sur le marché de l’art national ou international. Les pages jaunes ont eu le mérite de nous faire accéder à des peintres aux périphéries du marché de l’art et qui disparaissent avec d’autres modes de visibilité et de reconnaissance (statistique, maison des artistes, revues, galeries, salons, expositions). Il est alors apparu que bien que rejetant les catégories de reconnaissance du marché de l’art officiel, ces peintres parviennent à exister en tant que tels à côté de la scène artistique parisienne officielle en construisant, en réaménageant et même en réinventant des catégories de reconnaissance qui leur sont propres. Ils développent alors des stratégies pour légitimer leur existence professionnelle tout en ajustant la représentation de leur métier à leur propre réalité dans un discours à la fois révolutionnaire et de justification souvent directement à l’encontre de la scène parisienne et internationale. Il est intéressant de voir que les notions de « centre » (Paris) et de « périphérie » (banlieue) et même leur volontaire opposition se sont révélés ici comme un moyen pour ces peintres peu visibles d’affirmer toute leur valeur artistique injustement méconnue par le « centre » (Paris).

Hamdi Ounaina

Doctorant à la Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Tunis

La « professionnalisation » des peintres tunisois comme enjeu d’exclusion

En 1934, quarante ans après la tenue de sa première manifestation artistique, la Tunisie voit enfin naître une action collective organisée en matière d’art plastique, elle est baptisée le « groupe des quatre ». Celui-ci se développa pour devenir le groupe des dix et enfin l’« Ecole de Tunis » toujours active de nos jours. Très vite, l’Ecole de Tunis se construit sur un ensemble d’actions tournant autour de la sélection, de la distinction et de l’exclusion, toutes basées sur une « qualité » auto-assignée par ses peintres : le professionnalisme.
En contre-partie et malgré un nombre non négligeable d’organisations de nouveaux venus, diplômés de l’école des Beaux Arts et supposés être plus professionnels que les pères autodidactes, aucune d’entre elles n’a réussi à rivaliser avec l’« Ecole de Tunis ». Nous verrons pourquoi la réussite des membres de l’Ecole de Tunis ne peut être réduite à son unique qualité professionnelle.
Dans cette présentation, je cherche à faire apparaître la manière dont la notion de professionnalisme a été construite par ce groupe. Je montrerai, également, qu’elle était utilisée en tant qu’outil stratégique pour la légitimation du pouvoir de jugement esthétique, ce dernier n’ayant été possible que suite à un ensemble d’actions d’exclusion menées par l’Ecole de Tunis contre les peintres amateurs et les peintres provinciaux.

Christophe Rulhes

Doctorant au Centre d’Anthropologie des Mondes Contemporains, EHESS Toulouse, sous la direction de Jean Pierre Albert

« Nous », la périphérie, « Eux », le centre… et inversement : Pour une approche interactionnelle et située des terrains de l’art.

René Durand, plasticien aveyronnais et occitaniste, se présente comme artiste actif au sein de plusieurs collectifs, organisateur des expositions « Le salon reçoit», chroniqueur, critique, auteur. Lors d’un entretien, il explique les éléments de sa démarche, « au centre de [ses] préoccupations », « au centre de la problématique occitane ». Mais il se présente aussi comme « élément périphérique du monde moderne ». René Durand n’est pas connu des services de la DRAC, n’est pas inscrit à la maison des artistes, et les membres d’un collectif toulousain de jeunes plasticiens fraîchement diplômés du DNSAP le juge « ringard et barré ».
Brice me dit construire ses pièces plastiques en cuivre pour les générations à venir. Il pense incarner le renouveau de l’art contemporain. Diplômé du DNSAP des Beaux-Arts de Limoges, ayant exposé pour le FRAC et lors de diverses manifestations toulousaines et marseillaises, il déclare aussi souffrir d’un manque de reconnaissance. Lui se pense au centre d’une dynamique novatrice et réformatrice, mais « Eux », les institutions, les galeristes, les professionnels, semblent vouloir le confiner aux périphéries des mondes de l’art contemporain.
À partir de plusieurs cas ethnographiques insistant dur des cours d’actions et des mises en tension duales de goûts, de pratiques et d’expériences, nous tenterons de montrer, derrière les échelles de grandeur légitimes et légitimistes de la valeur artistique, le caractère interactionnel et situé des notions de « centre » et de « périphérie ». Nous examinerons les dimensions dynamique et recomposée par les sujets des frontières qui séparent les deux pôles. Lorsque le centre correspond à l’énonciation d’un « Nous » opposé à un « Eux » périphérique et inversement, les grands ordres de nos sociétés différenciées se trouvent remis en question par le sens que leur attribuent les acteurs. Nous pourrons ainsi discuter, toujours à l’appui de données de terrain, des questions de la construction de la valeur et de la légitimité artistique, et envisager une géographie possible de ces centres et périphéries qui s’inscrivent dans des jeux de définitions endogènes et exogènes échappant à toute cartographie trop figée.

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